Le procès de l'école
link
link
Une gifle pour tenter de sauver son autorité.
Un professeur de technologie, excédé, perd son sang froid et jette à terre le matériel d'un élève de 6éme qui remet en cause avec véhémence les consignes données.
L'élève qui a oublié qu'il est en classe et face à son enseignant réplique par l'insulte en disant haut et fort:"Connard!"
C'est non seulement une provocation qui est lancée au professeur mais aussi une condamnation ; car quelle que soit sa réaction, il a déjà perdu la face devant le groupe classe puisque l'un d'eux a osé l'affronter sur un terrain interdit et porter atteinte à son intégrité.
Le professeur piégé par cette agression verbale, qui remet en question sa dignité, sa capacité à gérer sa classe, en un mot son autorité, lève la main et gifle l'élève.
Il s'ensuit une escalade infernale de représailles pour le professeur avec suspension, garde à vue et procès alors que les insultes de l'élève ont été sanctionnées par des heures de colle.
Quelle démesure! Toute forme de violence physique est interdite, ce qui est indiscutable; mais une certaine forme de violence verbale semble être tacitement compréhensible, et tolérée, ce qui devient extrêmement dangereux pour notre système éducatif.
Il suffit de se rappeler les cas malheureux où des professeurs ont été grièvement blessés après avoir été menacés verbalement par leurs élèves.Ces menaces verbales n'avaient pas été prises en considération et sanctionnées en temps et en heure, par les autorités compétentes de l'établissement. Quel avenir attend ces élèves qui ont été ensuite condamnés à des peines de prison?
Par ce procès pour une gifle, sont révélés tous les dysfonctionnements de notre école. La violence physique est bien sûr à bannir mais la violence verbale, psychologique, l'intimidation sont reconnus mais non complètement répréhensibles.Notre école a perdu ses références.La dignité et la compétence intrinsèque de l'enseignant à conduire sa classe sont remis en cause.
Comment l'enseignant peut-il délivrer un savoir s'il n'a plus l'autorité requise pour conduire sa classe?
Comment un élève peut-il apprendre s'il ne respecte pas son professeur?
Comment peut-il respecter son professeur lorsque l'image de l'enseignant est déformée par ce que reflètent les média et parfois le milieu familial?
La respectabilité d'une fonction est maintenant mesurée à l'aune du salaire attribué pour celle ci.
La rémunération d'un professeur arrive bien loin derrière derrière celle d'un PDG ou d'un sportif de haut niveau et renommé.
Alors comment apprendre lorsque l'estime que l'on accorde à l'enseignant est fonction d'un paramètre sur lequel celui ci n'a aucune prise, son salaire?
Dans cette confusion totale où, quoi qu'il arrive, le professeur a tort, qui est en danger?Le professeur qui est parfois déstabilisé mais qui a déjà acquis une solide formation ou l'élève qui ayant perdu tout repère s'inscrit dans l'échec?
A l'heure où on a accès si facilement à l'information et aux connaissances par internet, le professeur d'école est plus que jamais indispensable puisque environ 25 % des élèves ne savent pas lire couramment au sortir de l'école primaire. Et parmi ceux qui ânonnent encore(environ 15%), beaucoup ne comprennent pas ce qu'ils lisent. Alors comment pourront-ils trier et utiliser les connaissances disponibles sur internet?
Quels sont les pré requis éducationnels pour que nos enfants puissent bénéficier du savoir délivré par l'école et
apprendre à le mettre en oeuvre au fil des années?
L'humilité, le respect et l'estime sont-ils indispensables? Quarante ans après Mais 68, s'agit-il de valeurs morales méritant d'être dépoussiérées?
Depuis plus de vingt ans, la pédagogie repose sur le concept apprendre à apprendre. Où et comment certains enfants pourront-ils apprendre à adopter un langage et un comportement propices à recevoir des connaissances, à les intégrer et à les faire fructifier?